La légende Erik Guay annonce sa retraite
La légende du ski de compétition, Erik Guay (37 ans), a annoncé aujourd'hui qu'il mettait un terme à sa carrière de coureur de ski.
« Aujourd'hui est un jour spécial qui marque la fin d’un chapitre qui a eu un grand impact sur ma vie, » a déclaré Guay à partir de Lake Louise. « Pendant des décennies, je me suis efforcé d’être le meilleur coureur de ski au monde, représentant la Canada au quatre coins du globe et faisant partie d’une équipe incroyable ».
Né et ayant grandi au Mont-Tremblant, Guay s'est joint à l’équipe canadienne en 1998 pour devenir le coureur de ski alpin le plus décoré dans l’histoire du Canada grâce à ses podiums en Coupe du monde et ses médailles aux Championnats du monde de ski alpin.
La passion de Guay pour le ski a de profondes racines familiales. Ellen Mathiesen, sa mère, est monitrice de ski depuis très longtemps à Mont-Tremblant et son père, Conrad Guay, a été entraîneur à tous les niveaux du système de course de ski pendant des décennies. Guay a grandi aux côtés de son frère aîné, Kristian, et de son frère cadet, Stefan, qui ont tous deux connu une belle carrière en ski de compétition aux niveaux national et international. Stefan travaille comme entraîneur pour l’équipe masculine de vitesse de la Coupe du Monde masculine depuis deux saisons.
Au cours de sa carrière, Guay a pris part à 230 départs en Coupe du monde, atteignant le podium à 25 reprises et récoltant cinq victoires.
29 novembre 2003: un premier podium
À 21 ans, le jeune skieur surprend le monde du ski à sa première saison complète sur le circuit de la Coupe du monde. En février 2003, il se classe au 6e rang de la descente et du super-G des Championnats du monde.
Puis, le 29 novembre 2003, au tout début de sa deuxième saison, il monte à 22 ans sur le premier de ses 25 podiums sur le circuit de la Coupe du monde avec une 2e place en descente à Lake Louise, en Alberta, de surcroît. Étonnamment, ce sera son seul succès au Canada. L’essentiel de sa récolte future se fera en Europe, sauf pour deux podiums à Beaver Creek aux États-Unis.
Les célébrations sont toutefois de courte durée. Moins d’un mois plus tard, il subit la première blessure grave de sa carrière après une violente chute à Val Gardena. Il se déchire le ligament croisé antérieur du genou gauche. Sa saison est terminée.
18 février 2006: si près de Turin
À ses premiers Jeux olympiques, il finit 4e au super-G, à 10 centièmes de seconde d’une médaille de bronze. Six jours plus tôt, il avait pourtant déclaré forfait pour la descente olympique en raison d’une blessure au mollet gauche. Mais à 24 ans, dans un sport où les athlètes atteignent leur apogée dans la trentaine, Guay fait déjà partie des meilleurs.
24 février 2007: la première victoire
De toutes les pistes qu’affronte chaque saison la crème du ski alpin, la Kandahar de Garmisch-Partenkirchen est peut-être celle qui convient le mieux aux qualités de descendeur du skieur de Mont-Tremblant.
Le 23 février, il monte sur le podium avec une 3e place à 44 centièmes du gagnant, Andrej Jerman. Mais cette année-là, deux descentes sont au programme à Garmisch. Le lendemain, c’est son tour. « Finalement, finalement », dit-il une fois la victoire acquise devant le même Jerman et Didier Cuche, qu’il relègue à une demi-seconde. Quatre autres fois, il remontera sur la plus haute marche d’un podium de Coupe du monde.
15 et 19 février 2010: les poussières de secondes de Vancouver
La piste de Whistler n’est plus au calendrier de la FIS depuis le milieu des années 1980, mais elle effectue un retour pour les plus récents Jeux à se tenir au Canada. La descente masculine est la première épreuve au programme. Guay termine au 5e rang, à 33 centièmes du médaillé d’or Didier Défago et à 24 centièmes de Bode Miller, médaillé de bronze.
Quatre jours plus tard, il prend le 5e rang, cette fois au super-G, mais l’écart qui le sépare d’une première médaille olympique est bien plus cruel : 3 centièmes de seconde. Un battement de cil, encore.
Jamais n’aura-t-il été aussi près de cette médaille qui l’aura toujours fui. Quatre ans plus tard à Sotchi, il prend la 10e place de la descente et il ne finit pas le super-G, puis il déclare forfait pour les Jeux de Pyeongchang quelques jours avant le début des compétitions.
Il conclut néanmoins son excellente saison 2010 avec deux victoires au super-G dans les semaines qui suivent les JO. Il met la main sur le petit globe de cristal de la discipline, son seul trophée du genre de sa carrière.
12 février 2011: champion du monde
À Garmisch ce jour de février, Erik Guay porte le dossard numéro 10. Il dévale la Kandahar en 1 min 58 s 41/100 et met 76 centièmes à l’éventuel troisième, Christof Innerhofer, parti tout juste avant lui. Le temps est fameux, mais l’attente est interminable. Il reste les Michael Walchhofer, Bode Miller et autres Aksel Lund Svindal encore à descendre. Et aussi Didier Cuche, qui deux ans plus tôt avait échoué à 4 centièmes de John Kucera, premier Canadien à enlever un titre mondial.
Cuche termine encore 2e, à 3 dixièmes de Guay, qui prend une seconde à tous les autres skieurs ce jour-là, quand il se tient pour la première fois au sommet de la discipline reine du ski alpin.
Dire que quelques jours plus tôt, son dos le faisait encore souffrir…
8 et 12 février 2017: la quasi-perfection de Saint-Moritz
À quoi ressemble un skieur en état de grâce? Probablement à Erik Guay aux Championnats du monde disputés en 2017 dans la station suisse. Les blessures récurrentes au genou gauche avaient haché ses saisons depuis son titre de champion du monde, le forçant même à tout stopper en 2015 pour se faire opérer et espérer mettre ses pépins physiques derrière lui.
Depuis ses deux dernières victoires lors de la saison 2013-2014, le skieur de 35 ans n’est monté que sur deux podiums en Coupe du monde, deux 3es places. Rien qui ne présage la récolte de Saint-Moritz.
Le 8 février, Guay devient le skieur le plus âgé à être sacré champion du monde avec sa victoire au super-G devant le favori et grand spécialiste de la discipline Kjetil Jansrud. À ses côtés en 3e place l’accompagne son coéquipier Manuel Osborne-Paradis.
Guay n’est pas complètement redescendu de son nuage pour la descente quatre jours plus tard.
Survolant à nouveau la piste de Saint-Moritz, il ne rate le rare doublé que par 12 centièmes, battu seulement par le Suisse Beat Feuz.
Six ans, jour pour jour, après qu’il a été sacré champion de la descente à Garmisch, Guay monte sur ce qui sera le dernier podium de sa carrière.
31 janvier 2018: pas de 4e Jeux
La saison dernière, Guay a été nommé à l'équipe olympique pour les Jeux de 2018, mais à la fin janvier, des problèmes de dos récurrents l'ont obligé à se retirer de ce qui aurait été ses quatrièmes Jeux.
« Je suis très fier de tout ce que j’ai accompli et je garde des souvenirs impérissables de chacune de mes courses. Ce fut un privilège pour moi d’être un athlète.” a-t-il dit. “Il n’y a aucun doute que de remporter le titre de Champion du monde est un grand accomplissement dans une vie et de gagner un Globe de Crystal de la FIS a été pour moi un moment mémorable. »
Tout au long de sa carrière, Erik Guay a été un exemple de résilience pour avoir subi six opérations au genou et pour avoir connu fréquemment des douleurs au dos.
Plus tôt cet automne, Guay, l'un des plus vieux coureurs du circuit, a annoncé que ce serait sa dernière saison de ski sur le circuit de la Coupe du monde FIS. Après un programme d’entraînement estival réussi, il était prêt à concourir à Lake Louise - la seule étape de la Coupe du monde de ski Audi FIS au Canada.
À sa conférence de presse, Guay a terminé en remerciant tous ceux qui ont contribué à sa carrière.
« Je suis extrêmement reconnaissant envers tous ceux qui m'ont soutenu au cours de ma carrière, notamment mes entraîneurs, coéquipiers, personnel médical, thérapeutes, bénévoles, commanditaires de Canada alpin, mes fans, mes commanditaires personnels et bien sûr ma famille. La liste des personnes qui m'ont soutenu est presque trop longue. »
La carrière de Guay en chiffres
Jeux olympiques
* 3 participations
* 6 départs
* Torino, Italie (2006): 4e au Super-G
* Vancouver, Canda (2010): 5e en Descente, 5e en Super-G, 16e en Slalom géant
* Socchi, Russie (2014): 10e en Descente
Championnats du monde
* 15 départs
* 3 podiums
* 2 victoires: Descente à Garmisch-Partenkirchen, Allemagne (2011) et Super-G à St-Moritz, Suisse
* Il est devenu le champion du monde le plus âgé en 2017 à l'âge de 35 ans
Circuit de la Coupe du Monde
* 231 départs
* 25 podiums
* 5 victoires
* Récipiendaire du Globe de Crystal en Super-G en 2010
Source: Canada alpin & Radio Canada Sports, adapté pour SQA
Photo Crédit: Keystone